Cela
fait à peine trois semaines qu’un grave incendie a ravagé à 75 % des stands du
marché d’Andrianjaka, pourtant, la vie y a repris. Telle une fourmilière à
taille humaine, les marchands reconstruisent leurs stands. Père et mère de
famille déclarent avoir perdu toutes leurs économies, Mme Marie Jeanne nous
confie ainsi « moi, j’ai 04 enfants et mon mari est mort en 2009. J’ai
tout perdu dans cet incendie alors que je loue une maison et des enfants à
nourrir et à élever. Je me suis révoltée, j’étais en colère mais surtout je me
suis senti désarmer et désespérer. Les
efforts qui ont été déployés se périssent en un clin d’œil. Ma seule source de revenues
se transformait en cendre dans cet incendie. J’en ai d’ailleurs beaucoup
pleuré. Mais j’ai décidé de ne pas baissé les bras, …»
Cet
incendie a affecté plus de 300 personnes soit une centaine de familles. Les conséquences
psychologiques et sociales d’une telle perte sont visibles. Cette situation
d’urgence sont souvent graves à court terme mais peuvent également ébranler à
long terme la santé et le bien-être de la population touchée. Répondre à ces
besoins est aussi important que d’apporter une assistance en termes de
nourriture, d’eau, de médicaments, d’abris et de vêtements. Consciente de la
souffrance des familles sinistrées, à la vue de ces situations, et répondant à
sa mission d’alléger et réduire la souffrance des vulnérables, la Croix-Rouge
Malagasy (CRM) en collaboration avec la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) a
organisé des séances de Soutien Psychosocial en vue d’accompagner les victimes
de cet incendie. D’une durée de 05 jours, les séances ont débuté le vendredi 20
Mai 2016. Une tente a été installée dans l’enceinte des locaux de la BMH en
guise de lieu d’écoute individuelle. Ajouté à cela, une équipe mobile de
volontaires qualifiés de la CRM en matière de soutien Psychosocial est allé à
l’encontre des familles et des personnes affectées dans les lieux de l’incendie
pour une approche collective. L’objectif de cette intervention de la CRM est
d’offrir un bien-être psychosocial et une réadaptation morale des sinistrés par
le biais d’un Soutien Psychosocial pour atténuer leur souffrance. En effet, le
soutien psychosocial est un processus visant à favoriser la résilience des
individus, des familles et des communautés. Il aide les personnes touchées par
un choc à se rétablir et à mieux gérer ce type d’évènement à l’avenir, dans le
respect de l’indépendance, de la dignité et des mécanismes d’adaptation. Il
encourage également la restauration de la cohésion sociale. C’est ainsi qu’un
soutien local et/ou extérieur ayant pour objectif de protéger le bien-être psychosocial
et de gérer le trouble émotionnel causé par le choc dû à une perte à la suite
de cet incendie s’est avéré nécessaire.
Contrairement
aux rumeurs qui ont pu circuler sur les lieux, il n’est en aucun cas question
de venir soigner des personnes qui serait déficiente mentalement. Le but de
cette intervention est d’écouter ces personnes qui vivent une situation
difficile. A renforcer leur capacité en leur permettant d’affronter les
difficultés qu’elles rencontrent. Cette action de réponse de la CRM aurait
ainsi contribué au bien être des victimes en établissant un environnement
propice pour l’équilibre et résilience des personnes affectées.
De
plus, la présence des volontaires à travers l’accompagnement encourage les
familles et en leur donnant la possibilité à s’exprimer sur la façon dont elles
vivent leur situation. Telles que la frustration la tristesse, et la colère.
Les volontaires de la CRM les ont guidé à trouver eux-mêmes les solutions qui
les conviennent face à leur situation.
A travers le projet
Mendrika, de la Croix-Rouge Malagasy en collaboration avec la Croix-Rouge
Danoise, une vingtaine de volontaires spécialisés en matière de Soutien Psychosocial
et un professionnel dans ce domaine ont
pu être mobilisés pour réaliser ces séances durant ces 05 jours d’intervention.
Ils en témoignent ...
Monsieur Rakoto construisant son stand |
"Nous ne nous sommes pas habitués à cette nouvelle intervention de la CRM qui est le « Soutien Psychosocial ».
On la connaissait plutôt dans les interventions en cas de catastrophes, les
distributions et les sensibilisations. C’est pour cette raison qu’on a été un
peu septique et retissant au début. Mais nous avions vraiment eu besoin de
parler de nos ressentis à la suite de cet incendie. J’ai participé à une séance
d’écoute en groupe que les volontaires de la CRM ont réalisé. Après je me sens
soulagé, je peux dire que cette activité est très bénéfique pour moi et pour les autres familles qui ont été touchées. J’ai
04 enfants dont un prépare l’examen du CEPE. J’ai perdu mon seul source de
revenu. Moi, comme mes enfants ont été affectés par cet incendie. D’une part je
les ai rassurés sur le fait que nous allons nous en sortir. D’autre part je
sais que c’est difficile d’espérer quoi que ce soit dans cette situation. De
plus, je dois rembourser tous les appareils des clients qui ont été consumé par
incendie. Se sentir écoutée et pouvoir exprimer mes craintes me fait du bien.
Bien que nous ne pourrions plus retrouver notre vie d’avant, nous allons nous
efforcer de revivre, de nous redresser face à cette situation" confia Mr Rakoto, électrotechnicien, déterminé
à reconstruire lui-même son stand, sa vie avec l’aide des membres de sa
famille.
« J’ai
été deux fois victime d’incendie, à Ankasina où j’habite et celle du marché d’Andrianjaka où j’avais deux stands et c’est mon seul source
de revenu. Moi et mes deux enfants sommes bouleversés. Heureusement que la CRM
était là au moment où j’en ai le plus besoin. Il y avait une cellule d’écoute
et je ne m’attarderais pas à m’y rendre. Après un long moment d’évacuation de
toutes mes frustrations, mes craintes. Je me sens soulagée et il y a eu une lueur d’espoir qui me pousse à
aller de l’avant. Il ne s’agit pas de minimiser cette tragédie mais de
continuer de vivre malgré tout. Accueillis par des membres de ma famille,
j’utilise actuellement les quelques économies pour la reconstruction de notre
maison à Ankasina et pour reconstruire mes stands au marché d’Andrianjaka. Ce
n’est pas encore assez pour les toitures de ces stands, mais je garde espoir,
je sais que nous allons nous en sortir. Je ferai les efforts nécessaires pour
cela » témoigna Mme Zoly, qui
malgré des brulures aux yeux dus aux poussières des briques est déterminé à
achever la reconstruction de ses stands.
Plus d'information, photos et actualité sur www.croixrougemalagasy.org